Peut-on transmettre la foi en Dieu ?

Commentaire de Présence du 2 avril 2009.

Source en totalité : http://oumma.com/spip.php?page=affiche_commentaire&id_forum=27535

Chères soeurs, chers frères, chers amis,

Je voudrais m’adresser à Reno qui dit "On peut transmettre la foi par l’exemple. Ou par l’endoctrinement. On part d’abord du principe qu’il faudrait croire. On se demande ensuite comment y parvenir.". Je ne suis pas de votre avis. La foi peut être révélée, exacerbée, atténuée, amoindrie par la relation de l’humain avec ses proches et l’influence de la société dans laquelle il vit. En d’autres termes, on la nourrit ou on l’affaiblit. Mais on ne la transmet pas. Pour les chrétiens c’est la grâce de Dieu qui vous touche. Pour les musulmans cette foi est présente dès notre création et comme je l’ai déjà dis dans ma première intervention elle correspond à la "religion naturelle" de l’âme (al fitra en arabe). En ce sens l’expression se convertir à l’islam, par exemple, est impropre. Il faudrait dire retourner à Dieu, embrasser l’islam.

Vous avez dit de votre fille "c’est sans doute un besoin de croire". Effectivement, ce besoin se fait très pressant et est irrépressible lors se l’appel de Dieu. Personne à ce moment là n’y peut rien. Mais ce besoin que vous exprimer n’a pas forcément le même sens pour moi. Voilà comment je l’entends. C’est la pression, les tensions entre l’âme qui connaît Dieu et l’influence de la société environnante qui grandit. On sent comme un besoin voire un commandement de croire. Notre âme nous parle et hurle en notre for intérieur sans aucune raison cartésienne, sans aucune preuve positive, qu’elle souffre de ce qu’on lui fait subir.

Mais c’est aussi la volonté de Dieu qui nous offre Sa lumière, lève le voile sur notre perception du monde.

Enfin, argument plus scientifique, notre cerveau ou plus exactement les sécrétions chimiques de sérotonine nous poussent violemment vers les chemins de la foi. Il y a quelques années un dossier spécial de "science et vie" était paru sur le thème "est-on programmer pour croire ?". Je vous livrerai une partie des conclusions des chercheurs qui se sont penchés sur la question à la fin.

Autre chose, je ne pense aucunement que vous êtes intolérant ou ostraciste et vous vous exprimez poliment. Toutefois lorsque vous dîtes que les croyants ne se posent pas beaucoup de questions on serait tenté de croire que la quasi-totalité de l’humanité, croyante, est simple d’esprit. Toute l’humanité se pose des questions. C’est précisément la conscience de soi, la conscience d’être, d’être avec les autres, d’être dans le monde qui nous confère la qualité d’humain et non d’animaux. Nous nous questionnons tous sur nous même et les croyants pas moins que les libres-penseurs. La pratique de la religion, l’exigence de la foi n’obéissant pas moins à des règles, des limites que l’ont caresse, que l’on transgresse, et donc qui nous confère un haut degré de conscience. Quelle rétribution sera la mienne ? Dieu me pardonnera-t-il ? Ai-je causé du tort à mes semblables ? Le champ et le registre des questions est plus vaste encore que dans la pensée "non-croyante". Un non-croyant explore une existence limitée à la vie terrestre. Le croyant explore l’existence de la vie, de la mort puis de la vie à nouveau. C’est donc avec votre propre grille de lecture que vous dîtes "Ils suivent la voie toute tracée. Le fait de croire est un confort de certitudes, on croit comprendre le monde. C’est plus simple et c’est rassurant.". Mais c’est tout le contraire. La voie n’est pas toute tracée, nous avons la faculté du libre-arbitre. Nous n’avons pas de certitudes mais de l’espoir. On ne croit pas plus connaître le monde que vous. Cette prétention et cet orgueil sont les traits de l’humanité. Vous trouvez vraiment cela plus simple et plus rassurant...La crainte du jugement dernier ?

Pour revenir à la question du débat, je dirais que partager sa foi ne se maîtrise pas. Personne ne peut décider de qui ou comment il va "convertir" quelqu’un. Un croyant ne peut que témoigner de sa foi à l’humanité. Car il s’agit d’une communication à plusieurs paramètres. Et comme dans toute communication il faut un émetteur, un message, un récepteur, un moyen de communication et un langage commun. L’émetteur c’est Dieu. Pour le message c’est clair. Le récepteur est celui qui recevra ou non le message. Le moyen de communication est l’intercesseur,l’intermédiaire : l’être humain. Le langage c’est l’amour. Car la religion est une des rares choses de ce monde qui ne peut se partager et se propager qu’avec de l’amour. Et il en a toujours été ainsi.

D’ailleurs Reno, sans connaître l’histoire de votre fille, je gage que c’est par amour qu’elle a embrassé l’islam. Pour pouvez maltraiter un enfant et lui faire apprendre mille pages de texte mais seul l’amour lui fera aimer Dieu. Vous pouvez conquérir la planète entière avec la plus grande armée mais seul l’amour guidera les peuples vers Dieu. Jamais un prophète n’a été suivi sans amour. L’amour de Dieu pour sa création, l’amour de la création pour Dieu, l’amour de la création pour la création.

J’aimerais beaucoup également que vous expliquiez votre dernière phrase, elle peut porter à confusion. Merci

Enfin, chose promise chose due. Je vous livre des conclusions d’études scientifiques. Je le fais honnêtement, sans rien ôter ni ajouter même quand les conclusions ne vont pas tout à fait dans mon sens "rêvé" :

Les neurobiologistes en sont presque convaincus : le besoin de l’Homme à adhérer à une religion est dû à une molécule contenue dans le cerveau. C’est du moins ce que démontre une étude scientifique approfondie sur le sujet. En effet, après avoir remarqué que les transes vécues par des croyants étaient toutes semblables, les neurobiologistes décident de s’intéresser de près à ce qu’ils appellent la "religiosité" (tendance à voir le monde comme habité par le divin), donnant ainsi naissance à une nouvelle discipline : la neurothéologie. Pour Andrew Newberg, neurobiologiste directeur de la clinique de médecine nucléaire de l’université de Pennsylvanie et pionnier de ce nouveau concept, "l’objectif est d’identifier les mécanismes cognitifs (relatif à la faculté de connaître) qui régissent la croyance en Dieu. " Les résultats, bien quà approfondir, sont néanmoins très impressionnants : la foi serait donc due à la sérotonine, une substance neurotransmettrice (qui transmet une information d’un neurone à l’autre) qui est impliquée dans les sensations de faim, de soif et de fatigue. C’est en 2000 que les neurothéologiens découvrent enfin que cette molécule a des effets similaires à certaines drogues : elle modifie les perceptions sensorielles, provoque des hallucinations et des sensations de fusion avec le monde. Cela correspond exactement à la description d’une transe. Afin de prouver que la sérotonine agit bien sur la religiosité, Jackeline Borg, neurobiologiste à l’université Karolinska en Suède, décide avec son équipe de procéder un test sur 15 volontaires. Les résultats sont spectaculaires : il apparaît que plus le taux de sérotonine est élevé, plus la conviction religieuse est renforcée. Borg en conclut que : " Le système de production de la sérotonine pourrait bien être vu comme l’une des bases biologiques de la croyance religieuse [... ]" Mais doit-on en déduire que la sérotonine est la "molécule de la foi" ? Pour Catherine Belzung, biologiste à l’université de Tours, la réponse est claire : "Certainement pas. Si la croyance en Dieu peut certes être favorisée par l’action d’une molécule comme la sérotonine, elle ne peut en aucun cas se résumer à l’action exclusive de cette dernière. " Ce que Borg confirme : "Une étude allemande menée en 2002 suggère que d’autres neurotransmetteurs pourraient être impliqués dans la religiosité [... ]" Donc la croyance ne se limite pas seulement à l’aspect chimique ? Non, en effet.

Les autres responsables de la religiosité

Ainsi, alors que certains étudient la chimie du cerveau, d’autre se penchent, avec succès, sur sa structure. C’est comme ça qu’il est apparu qu’une zone cervicale bien précise était encline à la religiosité : le cortex pariétale supérieur (parité arrière haute du crâne). Plus l’activité de ce fameux cortex ralentit, plus le sentiment de transe s’intensifie. On doit cette découverte à Andrew Newberg qui, en 2001, analyse l’activité cérébrale de 8 moines tibétains plongés dans une méditation. Il s’aperçoit alors que plus la méditation semble profonde, plus le cortex s’assombrit. Cela correspond à une chute de l’irrigation sanguine due à une baisse d’activité. Newberg explique : " L’une des fonctions du cortex pariétal supérieur est de permettre à l’individu d’effectuer la distinction entre son corps et l’environnement et de s’orienter dans l’espace. "Et le cortex ne serait pas le seul impliqué ! "D’autres travaux indiquent que c’est tout un réseau qui est mobilisé", nous dit Newberg. Et selon Laura Koenig, université du Minnesota, nos gènes seraient aussi de la partie ! Son étude (publiée dans le Journal of personality), menée sur 546 volontaires dont 169 paires de "vrais jumeaux" et 104 de "faux jumeaux", révèle que, pour la période adulte, de "vrais jumeaux" ont plus souvent une attitude similaire face à la religion que de "faux jumeaux". Cependant, aucune différence notable n’est remarqué entre les deux types de jumeaux durant l’enfance. Cela prouve donc que, une fois affranchis de l’environnement parental, les gènes responsables de la religiosité se développent.

Que la paix soit avec vous.

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Mise à jour le mardi 27 juillet 2010 - * maurice.champion20@wanadoo.fr *