Participer à une émission
télévisée ?
Une bonne question : quel
intérêt, pour une personne en souffrance, d’être regardée par quelques millions
de téléspectateurs ?
De réponse, il n’y en a pas,
chacun fait comme il veut, l’important, c’est le bénéfice personnel tiré de
cette expérience.
Une réponse plus générale. Le rôle
principal de la télévision est d’être le miroir de la société ; tous
spectateurs donc soyons un peu les acteurs, quel que soit le handicap.
L’isolement est une contre nécessité, l’inverse ne peut qu’être profitable.
Le contact. Je suis l’initiateur
pour mon fils ; une annonce dans un forum : Recherche...
Vivre proche d’un fils,
pratiquement totalement en retrait de la société, j’ai pensé que se serait une
manière de lui faire comprendre, indirectement, que rien n’est figé, qu’une
possibilité s’ouvre à lui d’être « comme tout le monde », de se
sentir exister, au moins sur une courte période.
La soudure. J’ai averti mon fils
chez lui (téléphone) de cette opportunité. Réponse : non catégorique.
Je lui explique que lui seul aura
la décision finale mais pourquoi ne pas en savoir un peu plus.
Donc, je prends contact avec le
journaliste en lui expliquant la situation difficile de Rodolphe.
Clément, le journaliste, est prêt
à entrer en contact téléphonique avec Rodolphe. Je tempère en expliquant
qu’avant, je vais avertir mon fils, pour ce premier contact. Je sens Rodolphe
assez réticent, une indécision mitigée puis accepte que Clément lui téléphone.
Déjà, quelle angoisse...devant
l’inconnu, il a l’image du journaliste télé des 13 et 20h ; pas rassurant
et triste. Dans la foulée, je fais la liaison de l’accord de mon fils et sans
perdre de temps Clément contacte Rodolphe. Je sais qu’après il me rendra compte
dès la fin de l’entretien. Une bonne demi-heure après, c’est l’enthousiasme,
super intéressé. Il m’a dit « Qu’est ce qu’il est sympa Clément, on a bien
rigolé, je suis partant ».
Dans la foulée, c’est la rencontre
visuelle, chez lui. Satisfait, cool après deux clopes ; en fait Rodolphe a
rencontré un copain journaliste. Clément est comme un décontractant et mon fils
se sent bien à l’aise.
La mise en boîte. Puis vient le
tournage devant la caméra, des journées, des heures de bobines, des questions
en avalanche pour sortir le pur jus et en oublier l’objectif de saisie
d’images. Les reportages sur des personnes en rupture, c’est le quotidien de
Clément et à son équipe, caméraman et perchiste ; un trio qui fonctionne
et vous met à l’aise. Des journées inégales où Rodolphe me dit qu’il n’a plus
envie de continuer, mais il tiendra bon jusqu'à terme ; Clément a les bons
mots pour l’en persuader. Nous aussi, on y a eu droit, un dimanche pas comme
les autres. Tournage terminé.
Reste le plateau, quelques semaines
après. L’accueil super bien, bien entouré ; la maison de la radio est une
pépinière de nanas. Avant le plateau, c’est le plateau repas puis suit le
maquillage. Rodolphe, en supplément, guidé par Clément, visite les lieux pour
se rassurer. Puis c’est l’enregistrement. Delarue a chaussé ses lunettes, les
applaux, la présentation des acteurs - Arnaud marche sur la corde raide,
Rodolphe, sur sa montagne où oublie le diable, Gabrielle s’en arrache les
cheveux et Perrine s’est mise à la diète -, Visionnage des reportages
imbriqués, puis, sous les projecteurs, les acteurs s’expriment longuement, ma
femme est en image et moi je cause un peu...
Face aux nombreuses personnes
présentes à l’enregistrement, comment va-t-il réagir ? Je le voyais en
face de moi, je pensais : s’il se sent mal, il va se casser ; en fait
c’est Arnaud qui ira faire un tour. Pas facile d’être le centre d’intérêt, eh
bien, cela c’est bien déroulé. Comme quoi, le perturbant n’est jamais où on
l’attend. Souvent, une personne lui suffit pour être dans la déroute alors que
les nombreux spectateurs en salle lui ont été indifférents.
Pour lui et nous, c’est terminé,
la boîte des cassettes contient la totalité de son contenu, reste la diffusion
programmée au 21 mars 2005. La veille, la bande annonce, c’est parti.
Le contenu de l’émission a été ce
qu’il devait-être, bien planifié, un produit fini sorti d’usine, direct avec au
final peu de petites coupures.
Le résultat télévisé, d’être
montré, on s’en fiche un peu, le challenge est terminé. Rodolphe en gardera un
souvenir des plus positif...
Ce qui a suivi, quelques contacts
par lettres, ou E-mail et aussi d’être reconnu dans la rue ; grâce à
Delarue.
Quatre mois se sont écoulés.
Quelques mois plus tard viendra la
suite « Ca se discute mois après mois ». La routine pour Rodolphe.
Clément, lui, a quitté le
« réservoir », Rodolphe a gardé sa maladie ; il lui reste un peu
de lumière et c’est réconfortant.
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mlmlm
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Mise à jour le vendredi
16 juillet 2010 - * maurice.champion20@wanadoo.fr
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