Lettre ouverte de la maman d'Élie.

Mon fils Élie, 32 ans, a mis fin à ses jours le 21 avril 2008.

Sans doute a-t-il voulu mettre un terme à la souffrance intense et permanente, consécutive à sa maladie psychique.

 

Article de l'Est Républicain du 22 avril 2008 è

 

Mon fils Élie est mort, il a mis fin à ses jours.

Rien ni personne ne pourra me le rendre, mais ce que j’ai vécu pendant cette période m’a marquée à jamais et je veux comprendre.

Son décès seul était déjà très douloureux, mais les conditions qui ont entouré son départ constituent une souffrance durable et inexprimable.

 

D’un point de vue légal, il s’agit d’un suicide, mais pour moi et pour ceux qui côtoient la maladie psychique au quotidien, Élie est mort des suites de sa maladie.

 

N’est-il pas visible pour les professionnels que l’essentiel des coups portés étaient superficiels.

 

Je veux comprendre comment avant toute ébauche d’enquête, j’ai pu être soupçonnée de meurtre et placée en garde à vue au moment où j’avais le plus besoin de soutien pour affronter cette tragédie.

 

Je veux comprendre comment on peut séparer une mère de son fils en de telles circonstances, comment on peut laisser une mère en garde à vue pendant de longues heures sans information, comment on peut l’interroger en lui laissant supposer que des soupçons de culpabilité pèsent sur elle, en relevant ses empreintes, son ADN, en prenant des photos et en lui demandant de signer un document comportant le mot assassinat dans son intitulé.

 

 Je veux comprendre comment, en l’absence de toute certitude, un représentant de la justice a pu livrer à la presse une information parcellaire que l’expression, même implicite, de ‘ ses sentiments ‘ a confortée dans sa volonté de ‘ sortir’ un scoop graveleux.

Volontairement ou pas, le substitut concerné ne m’a-t-il pas désignée comme le coupable en puissance d’un meurtre voire d’un assassinat ? Pourquoi un tel manque de réserve (déontologie) oublieux de mon innocence présumée qui aurait dû prévaloir ?

 

Je veux comprendre comment ces informations partiellement erronées ont pu être connues du voisinage aussi rapidement, avant que j’en sois informée. N’était-il pas évident que ces révélations réveilleraient des instincts malsains ? N’était-il pas évident que ce laxisme aurait des répercutions sur ma vie ?

 

Je veux comprendre pourquoi les services de police et de justice réagissent d’une manière si mal adaptée quand ils sont confrontés à la maladie psychique qui touche un nombre important et croissant de personnes.

 

Je veux savoir pourquoi le médecin régulateur m’a dit d’entrer dans la chambre de mon fils alors que ce dernier était déjà décédé quand je suis entrée dans sa chambre. J’aurais pu le prendre dans mes bras et doucement le bercer pour ce départ qu’il appréhendait. Ce médecin m’y a laissé croire deux secondes et tout a basculer. Pourquoi ???

 

Je veux comprendre pourquoi la mise en terre de mon fils, dont les obsèques ont eu lieu le 29 avril 2008, s’est déroulée le 3 juin 2008, le procès verbal datant du 25 avril 2008 n’étant pas parvenu aux pompes funèbres.

 

J’ai été et je suis encore particulièrement choquée par le fait que les services judiciaires aient pu alimenter les titres des journaux comme le montre celui, en gros caractères, de l'Est Républicain du 22 avril 2008.

 

Malheureusement, ma famille et moi-même subissons les conséquences de l’exploitation médiatique de ce drame. Nul n’ignore qu’aujourd’hui la presse se nourrit de sensationnel.

 

Les rumeurs courent et continueront certainement à courir longtemps autour de moi.

La presse s’est bien gardée de rétablir la véracité des faits. Elle excite les plus vils instincts de ses lecteurs sans se préoccuper des conséquences sur les personnes innocentes qu’elle détruit.

 

Le souvenir des heures passées en garde à vue ne s’effacera jamais de ma mémoire. La procédure est faite pour les coupables mais elle brise les innocents. Elle me laisse la sensation d’une grande inhumanité.

 

Alors, ne me demandez pas d’oublier, de tourner la page, de faire comme si rien ne s’était passé, après ce que mon fils, ma famille et moi-même avons subi. Je repense à ce que m’a dit cette personne : « Nous sommes tous un peu schizophrènes.»

 

Je confirme que le 21 avril 2008 je l’ai constaté et pour moi ce fut un cauchemar.

Je me suis dit que j’allais me réveiller.

 

Ma reconstruction passera aussi par la réhabilitation de son image salie par tous les propos outranciers prononcés ou écrits.

La maladie psychique dont mon fils souffrait était une épreuve quotidienne.

 

Lettre à la psychiatrie.

 

Je veux comprendre pourquoi alors que, le 6 mars 2008, le réseau d’alerte s’était réuni au sujet de mon fils Élie et avait mis en place le dispositif d’une sortie le 7 mars 2008, ceci a d'été suivi d’aucune suite thérapeutique et même il a fait place à un abandon total de la part des médecins.

 

Aidants ou pathogènes ?

‘ …se croire si au-dessus de tout qu’on puisse décider du prix de telle ou telle vie, c’est quitter toute dignité et laisser la mal devenir une valeur.’ (Michel Quint)

 

De nombreux parents supportent les charges de leur proche.

Ils ne reçoivent malheureusement pas l’aide qu’ils seraient en droit d’attendre de ces’ professionnels’.

 

Les expériences des familles révèlent que la mise en place et la prise en charge, par les structures des soins ambulatoires de proximité, sont un idéal n’existant que sur le papier.

La multiplication des soins ambulatoires est loin d’avoir réduit la charge des familles, bien au contraire.

 

Les familles sont devenues le nouveau personnel soignant à temps plein 24 heures par jour et ce par la même équipe, tout en ayant une activité professionnelle.

Elles mériteraient pourtant d’être soutenues, plutôt qu’être critiquées et accusées de fautes imaginaires, ce qui arrange ses ‘professionnels’.

 

 

Ces versets de la Bible

Ils ont été cochés suite à un appel téléphonique du 11 avril 2008.

 

Je me sens abandonné et malheureux.

Les angoisses de mon âme augmentent

Car mon père et ma mère m’ont abandonné.

Tire-moi de ma détresse,

Vois ma misère et ma peine.

Ma peine et ma souffrance ils assassinent.

Et de quelle haine violente ils me poursuivent

Ceux qui disent nous sommes puissants

Ont à la bouche des paroles hautaines.

Leur gosier est un sépulcre ouvert.

Leur langue discourt avec arrogance.

Que les desseins amènent leur chute de leurs mensonges

Et de leur vanité !

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Mise en ligne le samedi 13 mars 2010 - * maurice.champion20@wanadoo.fr *