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Ecrit par Pierre Bohm on oct 29th, 2009 - Rubrique: Enquête.
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Photo : P. Bohm
La salle de prière où les adeptes et sympathisants se retrouvent pour méditer.
A peine assis dans un petit salon cossu, l’adepte qui nous reçoit pour nous « informer » sur le Raja Yoga brandit son premier argument, choc, en période de crise : la pratique de la méditation avec les Brahma Kumaris est « gratuite en France comme à l’étranger ». Elle précise : « gratuit, c’est participation libre ». Et pourquoi une telle générosité ? « Ce que l’on a reçu, c’est un tel trésor qu’on a envie de le partager avec les autres ». Dans un sourire, elle demande : « comment nous avez-vous trouvé, vous avez participé au salon zen ? » En réponse, nous expliquons que nous avons fait des recherches via Internet sur le yoga et que nous sommes « tombés sur eux par hasard ».
On prétexte une recherche du bonheur et la quête de nouvelle spiritualité. Tout sourire, l’adepte ponctue de « c’est bien, ça ».
Mise en confiance, elle embraye sur le « trésor » qu’elle a reçu. « C’est un enseignement qui permet de comprendre qui on est, d’où on vient. Des questions essentielles », explique-t-elle. « Notre enseignement est basé sur la connaissance de soi et sur les pensées. Ce que l’on pense colore notre présent et notre futur. On est créateur de notre futur avec les pensées d’aujourd’hui. (…) On apprend qu’on est des âmes et pas qu’on a une âme. Cela permet d’entrer dans un nouveau champ de conscience : je suis une âme, je suis un point de lumière au milieu du front, une énergie qui est complètement pure. » Un peu une école de l’âme quoi… Elle, d’une voix fière : « Ici c’est pas la petite école, c’est la grande école. Le but est très élevé ». Mais quel est l’objectif ? « C’est de devenir parfait ».
Au fil de la conversation ou plutôt d’un quasi monologue bien étudié, l’adepte qui nous reçoit laisse entrevoir que les cours de confiance en soi peuvent déboucher sur un enfermement presque total : « A l’extérieur, je dépends des êtres, je dépends des choses, je dépends des circonstances. Et tout peut lâcher à n’importe quel moment. Ici, on apprend à devenir complètement indépendant. Mon bonheur ne doit pas dépendre des autres ». Mais le bonheur de quelqu’un ne dépend-il pas du bien être de ses proches ? Si, mais chez les Brahma Kumaris, on apprend « à ne plus être dépendant de notre famille, nos amis, nos enfants ». Glaçant. « Moi, j’ai besoin d’avancer… seule, enfin si vous vous pouvez entraîner votre famille c’est super ! ». Elle confie à demi-mot qu’elle s’est coupée à un moment de sa famille : « J’ai fait une grosse bêtise… j’ai voulu les changer avant de me changer. J’étais très radicale. »
Le portrait du créateur du mouvement trône dans la pièce (crédit : P. Bohm)
Devant notre regard passionné, l’adepte se lâche : « On apprend à se connecter à l’âme suprême qui est emplie de vérité. Elle devient notre professeur et nous entraîne, nous enseigne le modèle à suivre. C’est plein de douceur. » Et quid des rites à respecter ? « Vous savez, ça c’est plutôt abordé en fin de formation, mais je peux vous dire que nous sommes végétariens. » C’est à dire « pas de viandes, pas de poissons, pas d’œuf… pas d’ail, ni d’oignon, de ciboulette ou de poireau ». « On ne va pas manger à l’extérieur parce que les gens qui ont préparé un repas n’ont pas médité pour le préparer. » Et c’est gérable de ne pas manger à l’extérieur ? « On y arrive toujours, on est en connexion, on arrive à prévoir. »
Soudain, une petite musique douce emplit l’air. L’adepte s’arrête de parler. « Nous devons respecter quelques minutes de méditation », explique-t-elle. Les yeux dans le vide, un léger sourire aux lèvres, les mains croisées entre ses cuisses, elle s’immobilise pendant trois minutes. Elle explique ensuite qu’il y a une méditation par heure. Celle-là est particulière : « Elle s’appelle Trafic Control, on vérifie la circulation des pensées en nous. »
La fin de la présentation avant la séance de méditation approche. On nous présente la chef du centre qui va diriger la séance : « Elle va vous montrer son sérieux car l’âme qui va présenter… on a tendance à dire l’âme pour les personnes, cela m’a échappé, s’excuse-t-elle, la personne qui va présenter a 20 ans de Raja Yoga. » Et elle ? « Cela fait 6 ans que je suis là. »
C’est l’heure de la conférence/méditation.
Face à une estrade décorée, une vingtaine d’adeptes sont déjà assis. Ce soir, le thème est « apprendre à se regarder. » Il est développé par le chef du centre, une femme d’une soixantaine d’années. Elle donne un cours qui pioche dans la psychologie comme dans le surnaturel. Les adeptes ne la lâchent pas du regard. Les visages sont marqués par la vie. Ils boivent ses paroles comme l’eau d’un oasis. Les vingt dernières minutes sont consacrées à une méditation. A la sortie de la séance, un homme confie : « Cela fait 2 ans que je suis là. J’étais en dépression, ils m’ont sorti de là grâce à la méditation et à la positivité. Le cours auquel on a assisté est un peu dépassé pour moi parce que je suis monté plus haut mais un petit rappel ça fait du bien », sourit-il assez fier de lui.
Près de lui, une femme est toute excitée : « Je me suis levée à 4 heures moins 10. Plus je me lève tôt et plus je médite et mieux je me sens. » « Tu vas lui faire peur, il vient juste pour la première fois », souffle la chef du centre un peu gênée. L’adepte continue à s’extasier : « Je ne sais pas comment j’ai déclenché ça dans mon cerveau, mais ce matin je ne me reconnaissais pas. Merci Raja Yoga ! » Elle continue sur ses envies de clopes : « Je dis à ma toubib que j’ai envie de fumer. Je lui dis qu’il y a quelque chose pour m’aider au Raja Yoga mais que je ne me suis pas inscrite. Elle m’a dit ‘filez au Raja Yoga’ ». En nous raccompagnant, l’adepte qui s’est chargée de la présentation nous dit pour achever de nous convaincre : « Si je n’avais pas pris les cours de Raja Yoga, je ne serais pas là ou j’en suis… »
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Mise à jour le mercredi 21 juillet 2010