Le
témoignage de Lily.
La schizophrénie, une maladie
mal comprise...
Texte original
de Lily – 12 mai 2011.
www.come4news.com/la-schizophrenie,-une-maladie-mal-comprise-372032
Récemment
j'ai soumis un article traitant de la schizophrénie, article qui fut refusé car
il s'agissait plus d'un «exposé» que d'un article, (ce que je comprends).
Il m'a
était signalé qu'il fallait que je relate éventuellement une expérience
personnelle...
A
travers cet article, je souhaitais mettre un terme aux idées reçues concernant
cette maladie, je pensais qu'en expliquant la maladie de manière détaillée mais
compréhensible, cela aiderait les gens à mieux comprendre et arrêter de mettre
tous ces gens malades et qui souffrent dans le même panier, arrêter d'assimiler
cette maladie aux assassins, aux dédoublements de personnalité, cesser de
penser que tous les schizophrènes sont dangereux, car lorsque dans les médias
la schizophrénie est abordée, c'est souvent suite à un drame.
Puisque
cela me révolte, je ne souhaitais pas vraiment mettre en avant mon expérience
personnelle, peut être justement à cause de tous ces gens qui voient cette
pathologie négativement, mais afin de faire passer mon message -via C4N-, je
vais vous raconter ma vie au côté de la schizophrénie.
Il y a
désormais un peu plus d'un an, mon compagnon fût diagnostiqué schizophrène.
Les premiers
symptômes je n'y ai pas vraiment prêté attention... Ce furent d'abord des
insomnies, puis un soir il s'est mis à rire, sans raison particulière, cela m'a
d'abord amusé puis m'a inquiété. J'ai mis ce comportement surprenant sur le dos
de la fatigue. Cependant le lendemain, les troubles se sont aggravés, il s'est
mis à parler seul, à tenir des discours incompréhensibles, il devenait
imperméable à tout ce que je pouvais lui dire, lui demander.
Nous n'étions
plus dans le même monde...
L'apparition
des troubles fût très rapide et très violente... Il était persuadé que des
micros et des caméras étaient installés dans les téléviseurs, les ordinateurs,
il fallait alors tout éteindre (sentiment de persécution). Le lendemain, il
décida de faire les valises, il fallait quitter l'appartement, il fallait
surtout penser à prendre tous les papiers afin qu'ils ne nous retrouvent pas...
«Ils» je ne sus jamais de qui il s'agissait...
Enfin, il s'était persuadé qu'il était Dieu (et moi Marie... (Délire mystique).
L'ambiance devenait de plus en plus angoissante, sachant que tous les moyens
que je pouvais utiliser pour le « faire revenir » étaient vains.
Il m'a fallu me
faire une raison et admettre que mon compagnon souffrait d'un trouble
psychiatrique grave...
Le 14 février
(date plutôt marquante puisqu'il s'agit de la Saint Valentin), je me suis
décidée à appeler les pompiers. Je ne pouvais le laisser ainsi, je n'avais pas
peur pour moi mais pour lui, de plus je sentais l'angoisse qui l'envahissait.
Le soir même,
il fût emmené aux urgences, il rencontra un médecin afin d'être examiné
rapidement (c'était un dimanche, l'hôpital manquait de personnel). Quelques minutes
plus tard, ce médecin sortit de la salle, m'expliquant qu'en effet, il
«paraissait un peu ailleurs» mais qu'il ne tenait pas de discours vraiment
incohérent, et ne présentant pas un danger pour lui-même ou pour les autres
(diagnostic établi en à peine un quart d'heure...) il ne pouvait prendre
l'initiative de le transférer dans un établissement spécialisé, en revanche,
ils pouvaient le garder une nuit en observation jusqu'à la visite du psychiatre
le lendemain. Il passa une nuit assez calme, sous demande on lui a prescrit des
somnifères.
De mon côté
j'attendais patiemment, passant la nuit sur un brancard, un peu décontenancée
après avoir entendu le discours du médecin urgentiste. Le lendemain, aux
alentours de 9H30, mon conjoint se réveilla, sa première réaction fût de sortir
afin de fumer sa cigarette, je l'accompagnai et il m'affirma que les infirmiers
venaient de lui dire qu'il pouvait quitter l'hôpital ce qu'il tenta de
faire...Tant bien que mal je l'empêchai, puis deux infirmiers vinrent tenter de
le raisonner, mais mon compagnon étant persuadé d'avoir entendu qu'il pouvait
sortir librement fût déconcerté et prit le comportement des infirmiers pour une
agression non justifiée et répliqua violemment. Ils voulaient une preuve qu'il
pouvait être dangereux pour lui-même ou pour les autres, ils l'avaient.
Soudainement,
tout c'est alors accéléré, il rencontra rapidement la psychiatre qui
diagnostiqua immédiatement, qu'en effet il n’était « pas bien » et qu'il
fallait l'hospitaliser en milieu adapté...
Malheureusement
l'hospitalisation en psychiatrie ne porta pas vraiment ses fruits, trois jours
plus tard il rentrait, apparemment il n'y avait aucune raison de le garder ni
même de le traiter car ils n'avaient rien signalé d'anormal... Notons qu'il n'eut
que deux entretiens avec un psychiatre et qu'il passait les journées entières
seul dans sa chambre. Mon conjoint regagna donc notre domicile, j'étais
satisfaite dans un premier temps, mais on ne m'avait pas mise au courant qu'il
sortait sans aucun traitement! Je me rendis vite compte qu'il n'y avait aucune
amélioration, les délires occupaient entièrement son esprit, il disparaissait
pendant des heures et je le retrouvais tranquillement installé sur un siège
dans une pharmacie. Il me fallait encore agir, persévérer pour qu'il puisse
être soigné, je craignais qu'il lui arrive quelque chose, étant donné qu'il se
prenait pour Dieu et par conséquent il était immortel...
C'est avec
beaucoup de tristesse que je me décidais, quelques jours plus tard à appeler le
médecin de famille afin d'envisager une hospitalisation. Le docteur arriva et
il n'eut aucun mal à me croire lorsque je lui expliquai qu'il n'allait pas bien
(notons qu'à ce moment-là, je désespérais de pouvoir le faire soigner après de
multiples appels à l'aide qui ne furent pas vraiment pris au sérieux...) Étant
donné que mon compagnon avait mis sur notre balcon une grande partie du
mobilier sous prétexte qu'il «sentait mauvais». Le docteur tenta de lui
expliquer, qu'il était malade et qu'il fallait qu'il aille se faire
hospitaliser, mon ami refusa évidemment, persuadé qu'il allait très bien. Ce
fût donc moi, qui dût remplir le formulaire afin de le
faire interner, on appelle ça une hospitalisation à la demande d'un tiers
(HDT).
Il retourna
donc dans le même hôpital qui l'avait laissé sortir prématurément, et enfin le
diagnostic tomba: il était atteint d'une schizophrénie paranoïde. On lui
administra un neuroleptique (Risperdal). Pendant une
semaine, il était impossible d'aller lui rendre visite, au risque de le
perturber. Un mois et demi plus tard, il regagna la maison, sous traitement
cette fois. Quelques symptômes persistaient toujours, mais je pouvais déjà
remarquer une amélioration. En revanche, il était très fatigué. Plus les jours
passèrent, plus son état s'améliora.
Actuellement,
il suit toujours son traitement, une injection tous les 14 jours, accompagné
d'une visite par mois chez un psychiatre. Malgré les nombreux effets
secondaires, fatigue, troubles de la libido, troubles de la concentration, de
la mémoire...etc, il est désormais conscient qu'il
est maladie, que sa pathologie est chronique, et qu'il devra prendre son
traitement toute sa vie.
Au jour
d'aujourd'hui mon conjoint a toujours un peu de mal à admettre sa
schizophrénie, il éprouve une forme de honte, cette maladie étant très souvent
perçue négativement, associée souvent aux termes dangereux, fou, voire
assassin. Très fatigué, chaque geste du quotidien demande d'énormes efforts.
De mon côté
désormais je suis toujours à l'affût du moindre comportement anormal et il faut
avouer que malheureusement dans cette situation l'entourage de la personne
malade finit, elle aussi par se couper du monde qui l'entoure, préférant rester
présente afin de « protéger » la personne atteinte de schizophrénie...
Cette
pathologie est encore méconnue, pourtant près d' 1% de la population mondiale
en souffre, environ 600 000 personnes en France.
La
schizophrénie est une maladie dévastatrice dans les effets et chroniques dans
la durée.
Contrairement
aux croyances populaires, les personnes atteintes de schizophrénie ne sont pas
« des personnalités dédoublées » ni dangereuses pour les autres, elles sont en
fait beaucoup plus souvent victimes de violences et se sentent régulièrement
isolées, stigmatisées, pouvant être réticentes ou incapables de parler de leur
maladie.
Malgré
l'apparition de nouveaux traitements, qui sont associés avec l'occurrence de
moindres effets désagréables, amenant à une amélioration de la qualité de vie,
seul un patient sur cinq pourra dire qu'il ne subira plus les effets de la
maladie.
lmlmlml
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Incorporée
le vendredi 13 mai 2011 - * maurice.champion20@wanadoo.fr
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