Drogue douce : Interaction du cannabis dans la schizo.

Article UNAFAM – Un autre regard.

 

Cannabis et schizophrénie.

La schizophrénie paraît concerner près de 1% de la population générale.

On sait son habituelle gravité et le caractère imparfait des thérapeutiques antipsychotiques. Ce 1% de ses victimes est la partie émergée d’un iceberg qui pourrait compter 15% et peut être même 20% d’individus vulnérables, lesquels grâce à un certain « capitonnement » de leur existence (à l’abri de traumatismes physiques, psychiques et de certains toxiques), ne décompensent pas cet état latent.

 

L’ivresse cannabique est proche du délire cannabique.

Délirer c’est, étymologiquement, sortir du sillon ; du sillon de la pensée normale, pour un fonctionnement de l’appareil psychique coupé de la réalité. Tout comme « la fonction crée l’organe » l’expérience structure la fonction ; et ainsi, qui a déliré délirera. L’apprentissage du délire, chez un sujet vulnérable, pourrait bientôt imposer le délire comme mode régulier du psychisme. Le pourcentage d’individus consommant du cannabis est exceptionnellement élevé chez ceux qui deviennent schizophrènes, posant de longue date la question de la relation entre ce qui est la cause et ce qui est l’effet.

L’étude d’Andreasson et de ses collaborateurs (1987), n’a hélas, pas connu le retentissement qu’elle méritait d’avoir ; elle n’a pas suscité la mise en œuvre du principe de précaution qu’elle aurait dû imposer. Cette étude portait sur 50 000 conscrits suédois d’une même année ; ils avaient été suivis, au long cours, sur l’évolution de leur santé mentale en fonction de leur consommation ou de leur non-consommation de cannabis. Cette étude concluait que le fait d’avoir fumé plus de cinquante joints, dans cette phase de l’adolescence, multipliait par 6 le risque de devenir schizophrène. Il s’est trouvé alors des censeurs zélés pour entrevoir certains biais possibles et contribuer à l’enterrement de cette alerte. Récemment, Zammit et coll. Ont revisité cette étude en 2002 ; ils ont prolongé de plusieurs années le suivi de cette exeptionnelle cohorte, s’affranchissant des biais qui avaient été suggérés. Ils ont aboutis à des conclusions similaires à celles d’Andreasson qu’ils expriment par le raccourci : une société sans cannabis diminuerait de 13% le nombre de schizophrènes. Pour la France, cela ferait près de 80 000 schizophrènes en moins...

Il ne semble pas que le cannabis induise, de novo, la schizophrénie ; il agirait en tant que facteur de décompensation d’une vulnérabilité qui aurait pour support un trouble neurodéveloppemental.

Une hypothèse physiopathomogique cohérente pourrait être la suivante :

Pendant la grossesse, peut être en relation avec une infection virale maternelle, surviendrait une anomalie de la mise en place qu système dopaminergique mésocortical. Il en suivrait une hypoactivité de cette voie. Ceci pourrait sous-tendre, lors de l’adolescence, un « mal-être », une introversion, une anhédonie, une lenteur et une certaine pauvreté idéatoire..., prémices d’expressions déficitaires de la schizophrénie. C‘est alors qu’interviendrait la rencontre avec le cannabis. La simulation des récepteurs CB1 par le THC corrigerait ces troubles et ferait percevoir le cannabis comme « l’ami qui vous veut du bien ». Les effets apéritifs du cannabis serait alors supérieur chez ses individus vulnérables à ce qu’ils sont chez la plupart des utilisateurs ; au point que leur consommation de cannabis va devenir plus fréquente. Cette relance de l’activité des neurones dopaminergiques méso-corticaux va s’accompagner d’une simulation des neurones dopaminergiques méso-limbiques, ayant pour conséquence une libération redoublée, excessive, en regard des récepteurs D2, suscitant les expressions positives de la schizophrénie : les hallucinations, le délire, l’agitation. C’est alors la décompensation, l’hospitalisation, la mise en route du traitement neuroleptique / antipsychotique. L’efficacité de celui-ci sera largement tenue en échec par la poursuite de l’usage du cannabis. L’étude de Dervaux et coll. En 2003 montre que la durée d’hospitalisation est plus longue chez les schizophrènes consommant du cannabis que chez ceux qui n’en consomment pas. Ces premiers sont également plus nombreux à faire des tentatives de suicide.

D’autres auteurs ont interprété l’importance de la fréquence des toxicomanies chez les schizophrènes selon deux voies : soit ces consommations s’inscrivent dans un processus d’automédication, appuyé sur le mieux-être qui résulterait de leur consommation ; soit la schizophrénie exalterait l’effet apéritif, dit encore « de récompense », de ces drogues.

On a montré que certains « signes neurologiques discrets » sont plus discrets » chez les schizophrènes non cannabiques que chez ceux qui s’adonnent à cette drogue ; il en irait de même de divers autres symptômes. Ces éléments serait en faveur de « l’automédications ».

Le THC, relançant l’activité déficiente dopaminergique méso-corticale, en même temps corrigerait les expressions déficitaires du trouble émergent, encore latent du pré-schizophrène, accroîtrait l’activité déjà intense de la voie dopaminergique méso-limbique. Ce faisant, il déclencherait des expressions positives : le délire, les hallucinations. Ainsi se trouverait décompensé l’état pré-psychotique. Une étude réalisée par SPECT (Single Photon Emission Computerized Tomography) chez un schizophrène avant et après qu’il ait fumé un joint a révélé un accroissement de la transmission dopaminergique striatale.

Certains auteurs distinguent de la schizophrénie la psychose induite par un usage continu, à haute dose de cannabis, au travers, en particulier, d’expressions prémorbides différentes. La schizophrénie aiguë surviendrait chez les individus présentant des traits de personnalité schizoïdes tandis que la psychose cannabique surviendrait chez des individus présentant des traits de personnalité antisociale.

Le lien entre l’émergence de la schizophrénie et l’usage du cannabis est établi par de nombreuses études. La question qui demeure es suspens réside dans la fait de savoir si l’abus de cannabis peut chez chacun de nous déclancher une schizophrénie ou si cela ne survient que chez les sujets vulnérables. Des études ont soulignées le plus grand risque que comporte l’usage fréquent. 10% des adolescents ayant débuté dès l’âge de 15 ans ont présenté une schizophrénie dans les 10 ans qui ont suivi. Ils sont effectivement moins nombreux quand la consommation ne débute qu’à 18 ans.

Cannabis et cognition.

On rassemble, sous le terme de cognition, l’ensemble des opérations mentales qui consistent, dans une situation définie, à se concentrer sur certains éléments de celle-ci, d’en sélectionner les paramètres pertinents, de les analyser, de les stocker dans une mémoire çà court terme et, par un traitement conscient ou non de l’information, de l’installer dans un contingent de mémoire à long terme, pour le faire réémerger, en tant que besoin, c'est-à-dire en temps opportun. D’où la séquence : capture de l’information, engrammation, restitution. S’il y a des mémoires sans intelligence, il n’y a pas d’intelligence sans mémoire. La mémoire est une condition nécessaire mais non suffisante aux aptitudes intellectuelles, définies comme « l’intelligence ». Le THC perturbe notablement diverses étapes de cette séquence.

Il est d’abord à l’origine d’un syndrome « amativationnel », avec une perte d’intérêt, de curiosité, d’attention ; avec un remarquable détachement, une prise de distance ; l’accaparement par ailleurs, une rêverie avec peu d’objets. Dès lors, l’individu non captivé ne capte pas, ou du moins capte peu.

L’ébriété cannabique, très au-delà du syndrome amotavitionnel, est évidemment incompatible avec un processus éducatif ; « pétard du matin, poil dans la main, pétard du soir trou de mémoire ». Il s’y en ajoute en effet des perturbations de la mémoire à court terme et, par voie de conséquence, de la mémoire à long terme qui se constitue à partir d’elle. Le cannabis ne fait pas oublier ce que l’on a appris hors la période de son usage, il empêche d’apprendre. Cela rejoint la distinction déjà faite entre la psychotoxicité et la neurotoxicité.

La mémoire de travail, ou opérationnelle, ou mémoire à court terme, celle qui permet de finir sa phase dans la continuité de son début, celle dont la perturbation est synonyme de démence, est particulièrement affectée par le cannabis. Elle implique, entre autres, les transmissions cholinergiques hippocampiques. On a déjà relaté que l’occupation d’une très faible proportion de récepteurs CB1 de l’hippocampe (1/1000) de ceux –ci), suffit à diminuer considérablement (50%) la libération d’acétycholine suscité par stimulation électrique. Cela indique que, pour cette fonction, il existe une forte population en réserve, avec les conséquences évoquées plus haut, a savoir : un effet (perturbations de la mémoire) survenant pour de très faibles doses de THC. C’est donc un effet qui perdure très au-delà des heures suivant la consommation de cannabis.

Le cannabis tue sur la route.

20% des accidents mortels en portent la signature ; il tue via l’induction d’états anxieux  et/ou dépressifs et de décompensations schizophréniques en assumant une part de suicide élevée, attachée à ces affections ; porté sur les épaules du tabac, il partage la toxicité en matière de cancer ; il est un sas d’entrée dans l’héréoïnomanie (150 000 héroïnomanes en France) avec dans cette toxicomanie un taux élevé de suicides et « d’overdoses » ; il est à l’origine de violences dirigées contre soi ou vers autrui.

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Mise à jour le dimanche 4 avril 2010 - * maurice.champion20@wanadoo.fr *