Cannabis et
schizophrénie.
Article de Véronique Molénat - Journal de la santé du Nouvel Obs - 31 juillet 2007.
Le shit, un produit cool ?
Pas vraiment à en croire
plusieurs travaux publiés récemment dans de grandes revues scientifiques… La semaine
dernière, LJS.com vous rendait compte d’une étude suisse suggérant un lien de cause à effet entre le fait de fumer du
cannabis et l’apparition de schizophrénie.
Deux nouvelles études viennent
d’être publiées sur cette maladie mentale et sur le cannabis.
La première confirme les
résultats de l’étude dont nous vous parlions : elle démontre que le cannabis
augmente les risques des plus fragiles de basculer vers la schizophrénie. La
deuxième montre que de fumer un joint est particulièrement néfaste pour la
santé pulmonaire. Ceci aurait autant d’effet que de fumer 2,5 à 5 cigarettes.
L’étude sur le lien entre
cannabis et schizophrénie a été publiée le 27 juillet dans la revue médicale The
Lancet (1). Les auteurs, Térésa Moore de l’université de Bristol et Stanley
Zammit de l’université de Cardiff (Grande-Bretagne), on passé en revue 35
études réalisées dans différents pays : Allemagne, Pays-Bas, Grande-Bretagne,
Etats-Unis, Suède, Nouvelle Zélande.
La
synthèse des résultats suggère que le cannabis n’est pas le produit festif et
inoffensif que l’on croit parfois. Les auteurs montrent en effet que le risque
de développer un jour une schizophrénie augmente de 40% chez un jeune fumeur de
cannabis par rapport à un jeune qui n’en n’aurait jamais pris. Plus inquiétant
encore : ce risque augmente avec la dose de haschisch consommée. Térésa Moore
et Stanley Zammit ont calculé que chez les jeunes qui fument un joint plus de
100 fois par an (un pétard tous les 3 à 4 jours), le risque de souffrir un jour
de schizophrénie ou d’avoir des symptômes psychotiques, des hallucinations ou
des anomalies du cours de la pensée augmente de 50 à 200% !
Il y a 5
ans, Stanley Zammit avait publié dans le British Medical Journal une
étude menée sur 50 000 suédois suivis depuis les années 70 (2). Les résultats
de son enquête avaient montré que parmi les 731 plus gros fumeurs de la
cohorte, 28 étaient devenus schizophrènes, soit 4% d’entre eux contre seulement
1% de la population normale.
Mais ce
n’est pas seulement sur la santé mentale que le cannabis aurait des effets
néfastes. Des chercheurs néo-zélandais de l’Institut de recherche de Wellington
ont comparé l’état de santé de 339 adultes répartis en 4 groupes : ceux fumant
seulement du cannabis, ceux fumant seulement du tabac, ceux fumant les deux et
ceux ne fumant pas. Les scientifiques ont soumis chaque volontaire à un examen
de tomodensitométrie des poumons et à des tests respiratoires.
Résultats
: les fumeurs de cannabis souffrent nettement plus que les autres de
respiration sifflante, de toux, d’oppression de la poitrine, d’expectorations.
Et ce n’est pas tout ! « La principale découverte est qu’un joint de
cannabis vaut 2,5 à 5 cigarettes en terme d’obstruction respiratoire »
expliquent les chercheurs. Selon eux, la consommation de marijuana est associée
à une dégradation du fonctionnement des bronches avec obstruction respiratoire
dont les conséquences sont une plus forte sollicitation des poumons. Il
semblerait que ces dysfonctionnements soient d’autant plus graves que les
quantités de haschisch consommées sont importantes.
Les
français, avec plus d’un jeune sur deux âgé de 17 ans qui aurait déjà
expérimenté le cannabis et plus de 500 000 personnes qui roulent et fument
quotidiennement, se trouvent parmi les plus gros fumeurs européens, aux côtés
du Royaume Unis et de l’Espagne. Le nombre des adeptes du cannabis ne cesse
d’augmenter parmi les jeunes. Une tendance qui devrait être appelée à
s’inverser si les résultats de ces enquêtes sont confirmés… à condition que les
fumeurs acceptent de ne pas faire la sourde oreille !
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