Pour une action coordonnée en faveur des personnes présentant une souffrance

ou un handicap psychiques dans les champs sanitaire, social et médico-social

 

 

communiquÉ de presse

Paris, le 2 decembre 2008

 

 

Le Chef de l’Etat trouve des moyens pour renforcer la composante

sécuritaire de la psychiatrie

 

 

Dès le lendemain du drame récent du 12 novembre dernier à Grenoble, où un patient en permission a poignardé un jeune passant dans la rue, le chef de l’état, comme à son habitude, avait immédiatement réagi au plus fort de l’émotion suscitée par ce drame en sanctionnant de manière expéditive le directeur de l’hôpital de Saint-Egrève et en annonçant une réforme des règles encadrant l’hospitalisation d’office et la constitution d’un fichier national des malades hospitalisés d’office.

Dans le droit fil de ces premières déclarations, le Président de la République est venu préciser ses projets à l’occasion d’une visite de l’hôpital Erasme à Antony le 2 décembre 2008.

Si la Fédération d’Aide à la Santé mentale donne acte au Président Sarkozy que c’est effectivement la première fois qu’un Président de la République rend visite au personnel d’un établissement psychiatrique, elle regrette que cette visite ait fait l’impasse sur les problèmes majeurs de la psychiatrie : avenir de la pratique communautaire de secteur à l’aune de la nouvelle territorialisation prévue par la loi  « Hôpital, patients, santé et territoires », inégalité de la répartition des professionnels sur le territoire de la République qui se traduit déjà par une moindre accessibilité aux soins pour les plus démunis, articulations entre les dispositifs de soins et le secteur médico-social, recrutement et formation des personnels soignants.

Le président a rendu hommage au travail et à l’engagement des professionnels de la psychiatrie et fait allusion aux avancées apportées par le Plan Psychiatrie et santé mentale 2005/2008, mais il n’a ensuite traité que de la sécurité face à la dangerosité de certains patients à l’origine de faits divers qu’il n’est pas possible « d’imputer à la fatalité, mais à l’insuffisance de l’organisation de la prise en charge ».

Il n’a été alors question que de « l’hôpital psychiatrique » (qui n’existe d’ailleurs plus sur le plan juridique) et des moyens à mettre en œuvre pour le rendre plus sécurisé pour les soignants et plus sécuritaire pour les patients. Si l’on ne peut qu’être d’accord avec le président pour affirmer avec lui que la place des patients n’est pas en prison et la nécessité de rechercher un équilibre entre la protection de la société et la réinsertion des patients, la FASM n’est pas convaincue que les moyens annoncés suffiront à apaiser les pulsions agressives des patients. A qui fera–t-on croire, lorsqu’on a travaillé avec des malades mentaux, qu’un dispositif de géolocalisation (certes utiles pour les alternatives à l’incarcération des condamnés et qui assimile une nouvelle fois les malades mentaux à des délinquants) diminuera la dangerosité effective des patients potentiellement dangereux ! Le Président a annoncé également l’installation d’une unité fermée par établissement (sous entendu psychiatrique), faisant totalement l’impasse sur les unités de soins implantées dans des hôpitaux généraux, ainsi que la création de 200 chambres d’isolement.

Force est de constater pourtant que plus on dispose de chambres d’isolement, plus elles apparaissent “nécessaires et utiles” et plus l’on voit se renforcer les mesures administratives de contrainte de soins et les pratiques de contention physique qui avaient disparu des dispositifs de soins. C’est bien la recherche obsessionnelle de l’impossible risque zéro dont il est question, la réforme des procédures d’hospitalisation devant compléter ce dispositif afin de mieux encadrer la sortie des patients hospitalisés d’office, dont la décision serait aujourd’hui « prise à la légère par des préfets qui décident de manière aveugle ».

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Mise à jour le dimanche 25 juillet 2010 - * maurice.champion20@wanadoo.fr *