Réaction au Discours du Président de la République.

Par Claude PELLETIER.

 

M.SARKOZY reconnaît la difficulté des tâches des professionnels de santé exerçant dans le milieu de la psychiatrie. Il souligne qu’ils ont avant tout la forme relationnelle s’appliquant dans les multiples contacts humains (aucune machine ne peut se substituer à l’être humain dans le service à la personne exercé dans ce milieu très particulier) Il précise qu’elles sont effectivement fort mal connues et reconnues. Pour confirmer la sincérité de ses affirmations il convient alors qu’il fasse évoluer les fonctions sinon ce ne sont que de fausses louanges pour flatter et inciter ceux qui l’écoutent à partager sans discuter sa vision des choses et les décisions qu’il va prendre. Alors attention à ses propositions il est utile d’insister sur la nature et l’importance de ces tâches fondamentales!!

Il met en cause le système d’organisation et de fonctionnement de la prise en charge dans les défaillances à l’origine des événements tragiques Effectivement ayant personnellement circulé dans des services de psychiatrie il y a des organisations à revoir car les sorties sont loin d’être parfaitement contrôlées.

Il reconnaît que la place de certains malades n’est pas en prison ….mais pourtant s’il cherche bien il devrait découvrir que certains délinquants malades sont en prison alors que leur place n’est pas en prison mais en hôpital Il convient sur cette considération de le renvoyer à la lecture d’un ouvrage publié sous le titre «Plongée dans l’enfer carcéral» rédigé par Catherine HERSZBERG après un séjour de quatre mois en «immersion» au Service médico-psychologique régional de la Maison d’arrêt de FRESNES.

Il reconnaît que le personnel en exercice dans les services de psychiatrie est insuffisamment protégé Effectivement mais ce n’est pas dans la démesure des portes, des contre-portes et les alarmes que tout sera nécessairement résolu car il convient d’être conscient que dans ce milieu la présence humaine est fondamentale et peut à elle seule faire tomber une violence montante par une seule présence  et une voix rassurante qui seront à certaines occasions plus efficaces qu’une contre porte ou un bracelet d’alarme.

Quant à interpeller Roselyne (en page 2 dernier alinéa) laissez moi sourire sur l’intérêt que cette dernière porte à la santé mentale car je l’ai interpellée en octobre 2007 sur un événement survenu dans l’Yonne et relaté dans le journal local «l’Yonne républicaine» (avec 4 articles successifs ) sous le titre «Schizophrène malade ou pas» et qui faisait état d’un patient schizophrène qui, en pleine crise, refusa l’hospitalisation d’office que justifiait son état et en respect de la loi (absurde loi en la circonstance) il ne fut pas interné car il était majeur…mais paradoxe renversant ce patient était sous tutelle pour gérer ses biens. Le fait le plus tragique fut qu’après 6 mois de vagabondage, il s’immola par le feu (crions «vive la bonne loi !» ou plutôt «au scandale ! »)

Mais en 3ème page il semble totalement obnubilé par l’aspect sécuritaire de la situation :

- Dispositif de géo localisation.

- Unités fermées.

- 200 chambres d’isolement.

- Entre hospitalisation conventionnelle et unités pour malades difficiles il va y avoir la création d’un service intermédiaire.

- Nécessité d’un meilleur équilibre entre sécurité et réinsertion.

- Il existe l’hospitalisation sans consentement il doit y avoir soins ambulatoires sans consentement.

Tout cela semble de bonnes décisions mais que va-t-il en être réellement car les promesses, les plans santé mentale nous, qui baignons dans le milieu pour assister nos enfants, nos parents ou nos amis nous connaissons de très ou trop nombreuses promesses non tenues.

- Les sorties des patients doivent être encadrées sur la base d’un avis rendu au préfet par un collège de 3 soignants (le psychiatre qui traite le patient, le cadre infirmier qui connaît le patient et un psychiatre qui ne connaît pas le patient).

C’est très bien mais il aurait été plus satisfaisant d’y associer aussi et peut –être surtout un membre de la famille ou d’un ami du patient ou bien faute de parent ou d’ami d’un membre d’une association de familles de malades psy car ce sont des personnes qui sont ou qui ont été en contact permanent avec le malade ou connaissent bien des malades semblables et qui peuvent donner un avis sur la sortie et l’accueil prochain du malade. Pour ma part j’ai connu l’exemple d’un malade hospitalisé sous contrainte sur décision d’un médecin généraliste qui constata l’état de crise évident d’un de ses patients et qui le lendemain de son entrée en hospitalisation de secteur fut déclaré sortant par le médecin psychiatre du secteur. Or ce patient déclaré apte et sans trouble se présenta immédiatement au domicile de ses parents et alors que ses parents surpris et désemparés lui refusèrent l’entrée il défonça la porte d’entrée du domicile de ses parents à l’aide d’un hache qu’il s’était procurée dans un réduit voisin non fermé .Le pire étant que le médecin psychiatre a voulu porté plainte auprès du procureur de la république pour hospitalisation d’office injustifiée. En raison de la situation qui résulta de l’entrée qui fut refusée au patient par ses parents à leur domicile et de la nouvelle hospitalisation sous contrainte qui fut nécessaire la plainte fut rapidement retirée. D’où la présence justifiée d’une personne proche du malade pour examiner  tous les aspects des conséquences possibles de la décision à prendre.

- En ce qui concerne la diffusion des informations administratives sur les hospitalisations d’office partagées entre tous les départements je reste très réservé sur le respect strict du secret médical et le rapport de Mme STROHL inspecteur général des affaires sociales en Septembre 1997 attire l’attention sur ce danger qui risque de peser lourd dans la réinsertion d’un patient qui est enfin sorti du cercle infernal des hospitalisations et qui s’insère dans le milieu ordinaire.

- En ce qui concerne les moyens de fonctionnement alloués et affirmés comme avoir progressé il est curieux  d’entendre qu’en interrogeant des professionnels ces derniers affirment que rien n’a change ou si peu depuis 2005. Ils citent à cet effet la suppression de lits d’hospitalisation ,la suppression de postes , l’abondance de vacances d’emplois de médecins psychiatres, une mauvaise répartition géographique des praticiens en psychiatrie Les problèmes essentiels sécuritaires , d’assistance aux malades, de suivi médical ont pour origine le manque de personnel et de personnel non formé (le document de Croix marine fait état de cette situation fortement mise en cause car l’arme essentielle ou l’outil de traitement c’est le personnel soignant qui est irremplaçable ) donc la solution la meilleure:se situe dans les ressources humaines avec 3 objectifs à atteindre : créer des emplois en considération effective des besoins, former le personnel et valoriser la fonction pour la rendre attractive.

En ce qui concerne les urgences qui sont évoquées il serait bon de préciser qu’elle n’est pas adaptée aux situations de crises (ERIC ou organisation semblable insuffisamment répandue )Quant au parcours plus fluide il convient d’affirmer que l’accès aux soins est hélas un véritable parcours du combattant (il serait bon de rappeler à cet effet la présence dans les armoires du bureau du Ministre de la Santé de l’ouvrage rédigé et publié par l’association schizo-oui «l’accès aux soins» auquel il conviendrait que nos Autorités politiques (Président de la République et Ministre de la Santé), devenant subitement bien pensantes, s’intéressent sérieusement.

- Quant à reconnaître la valeur de l’activité en milieu psychiatrique c’est à l’autorité publique de la rendre plus attractive

- Quant aux honneurs rendus à Mme BACHELOT (en dernière page) en affirmant pour elle que la psychiatrie ne sera pas négligée ou oubliée je pense qu’il va falloir que M.SARKOZY la surveille sérieusement en lui rédigeant absolument une lettre de mission avec des objectifs bien identifiés et avec des dates des comptes à rendre clairement fixés car comme je l’ai précédemment écrit « la santé mentale et la psychiatrie » ce n’est pas sa tasse de thé!!

Ce brillant discours surprend. Il a fait l’objet, je pense, de consultations dans le milieu hospitalier et le milieu médical de la psychiatrie mais il ressort surtout après lecture que l’action porte sur l’aspect sécuritaire dans une recherche obsessionnelle de l’impossible risque zéro  avant l’aspect humain , social et médical . Il serait bon effectivement de réagir auprès de M.SARKOZY Président de la République pour remettre certains points en place et lui suggérer (fortement ) d’associer à ses réflexions, et avant de prendre des décisions définitives, des membres d’associations touchés par les problèmes de la santé mentale car l’expérience de ces personnes qui vivent ou ont vécu auprès de patients atteints de troubles mentaux peut énormément servir dans l’élaboration des mesures envisagées en soulignant que la décision « des hospitalisations d’office serait aujourd’hui »prise à la légère par les préfets qui décident de manière aveugle » N’exagérons pas aujourd’hui la décision d’HO s’applique assez correctement mais la forme collégiale serait assurément un mieux sous réserve que le «collège» puisse agir et décider très rapidement.

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Mise à jour le dimanche 25 juillet 2010 - * maurice.champion20@wanadoo.fr *