Sectes.
Le rapport annuel de la Miviludes
identifie de nouvelles dérives.
Avril 2008 - Source www.20minutes.fr
Les faux souvenirs induits, la vente multi-niveaux, certaines
techniques de coaching en entreprise et le datura font partie de la moisson de
la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les
dérives sectaires) dans son rapport 2007 publié jeudi.
Il s'agit du 5ème
rapport annuel de la Miviludes, au coeur d'une polémique le mois dernier, après
les propos de la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon,
estimant qu'outre ce travail annuel, "la Miviludes ne fait rien".
Le rapport fait
également le point sur les techniques de lobbying des sectes auprès des
organismes internationaux, à partir de l'exemple de l'OSCE (Organisation pour
la sécurité et la coopération en Europe), et sur le phénomène du satanisme qui
concernerait de près ou de loin environ 25.000 personnes en France, dont 80% de
moins de 21 ans.
Il pointe aussi le
néo-chamanisme et l'usage d'une substance, le datura, plante courante aux
fleurs très parfumées et réputée toxique, qui tend à remplacer l'iboga, inscrit
au tableau des stupéfiants.
"Les sectes
évoluent mais elles sont toujours là", estime Jean-Michel Roulet,
président de la Miviludes qui souligne qu'à partir de 2000 elles se sont
"engouffrées" dans le domaine de l'accomplissement de soi, les unes
dans l'humanitaire, les autres dans les techniques de "recherche de son
moi profond".
Le travail sur la
mémoire est une des bases de la psychanalyse, en revanche "le +faux
souvenir induit+ résulte de techniques d'autosuggestion ou d'une influence
indue qu'exercent certains thérapeutes". Ceux-ci "manipulent" le
patient en l'amenant à se rappeler des abus -souvent à caractère sexuel- subis
dans la petite enfance qui constituent le "syndrome du faux souvenir
induit", dévastateur pour le patient lui-même et pour sa famille.
Le phénomène est
apparu aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XXème siècle et "se
développe de manière inquiétante en France".
C'est aussi au nom de
la "sujétion de l'individu" que la Miviludes s'est intéressée à la
vente multi-niveaux, qui consiste à vendre des produits ou services, le plus
souvent liés au bien-être, et à convaincre les acheteurs de devenir vendeurs à
leur tour. Ils n'ont pas de contrat de travail, sont rémunérés au pourcentage,
et les plus convaincus finissent par quitter leur travail et ne plus fréquenter
que les membres du réseau.
Autre risque
d'embrigadement avec l'application au coaching en entreprise de la théorie des
"constellations systémiques", inventée par l'américaine Virginia
Safir à partir de l'observation des tribus en pays zoulou: le groupe -en
l'occurence l'entreprise- fonctionne comme un corps biologique où chacun a un
rôle précis. Une des dérives est de considérer que chacun fait partie du groupe
et que c'est au groupe de tout décider pour lui.
Le rapport 2007
consacre un chapitre à la "stratégie d'influence de la mouvance sectaire à
l'international", notamment auprès de l'OSCE (Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe) et particulièrement d'un de ses
organismes, le BIDDH (Bureau des institutions démocratiques et des droits de
l'homme). Plusieurs mouvements -la Miviludes cite la Scientologie, les raéliens
et les Témoins de Jéhovah- viennent y dénoncer la lutte contre les dérives
sectaires au nom des atteintes à la liberté religieuse. Toutes les
interventions étant publiées, elles ont de ce fait une diffusion et une
respectabilité assurées.
Une autre technique
est de mettre en cause les acteurs de la lutte contre les dérives sectaires, en
visant les personnes elles-mêmes ou en mettant en cause le bien-fondé des
subventions dont elles bénéficient.
Ce rapport a été
remis mercredi au Premier ministre, dont dépend la Miviludes.
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