ETAT DE SANTE DE NOTRESECURITE SOCIALE.

L'état d'âme d'un assuré social par Claude Pelletier

Mise à jour de mars 2009.

 

Article proposé à la lecture, l’information et/ou l’insertion éventuelle :

Assurés sociaux ayants droit ou assujettis nous sommes pour la grande majorité d'entre nous bienheureux de pouvoir bénéficier des bienfaits de notre Sécurité sociale. Or nous sommes fréquemment informés, et maintenant d'une façon répétitive, par les pouvoirs publics de la présence d'un bilan déficitaire de notre Sécurité Sociale ce qui conduit occasionnellement à la remise en cause de celle-ci qui a été conçue à sa naissance en 1945 sur le principe d'une assistance basée sur la solidarité et la répartition. Il convient toutefois de se souvenir aussi qu'il fut annoncé en son temps des bilans excédentaires ou tout au moins équilibrés de la Sécurité Sociale mais on peut s'interroger maintenant sur l'exactitude de tels résultats (maîtrise effective des comptes ou opportunité politique à l'approche d'élections nationales?).

Avant d'exprimer mon opinion sur ces communiqués pessimistes je précise qu' après avoir cru, durant de très nombreuses années, à la vérité des chiffres, des causes et des remèdes annoncés par les pouvoirs publics sur le déficit de la Sécurité Sociale, je me suis interrogé en début d’année 2008, après avoir pris connaissance d'un article de presse soulignant le montant de la dette de l'Etat envers la Sécurité Sociale, sur la confiance à accorder à ces annonces brèves mais cinglantes car en communiquant le chiffre imposant du déficit pour 2006( 10,3milliards d'€ dans le Rapport de la commission des comptes de la Sécurité Sociale de 2006 en Septembre 2007 page 43) il était toujours omis de souligner que dans ce chiffre à l'état brut 89% de ce montant représentait la dette de l'Etat envers la Sécurité Sociale (dette de l'Etat 9,13milliards d'€ en 2006 de la même source que le déficit brut qui précède page 43).

 

Cette forme d'information commença à me sensibiliser alors au problème de la Sécurité Sociale déclarée déficitaire.

Ma curiosité s'est ensuite accrue , en écoutant, quelque temps plus tard , le Ministre de la Santé qui insistait sur ce déficit en évoquant certains excès de la surconsommation médicale et proposant des solutions sous forme de franchises, de retenues sur les actes et les boites de médicaments et en accusant l'assuré trop consommateur de produits et de services et en hiérarchisant les affections (et il fut question de la remise en cause des affections de longue durée ) … et en affectant une partie des économies réalisées par les franchises au traitement spécifique de 2 maladies considérées comme très graves (la maladie d'Alzheimer et le Cancer )

Or, dans la dernière partie de cette proposition, on relève , que d’un côté on va dépenser plus pour essayer d’améliorer la qualité des soins des patients graves et d’un autre côté on veut faire des économies en prenant le risque de détériorer la qualité des soins des malades moins graves… Jusqu’à ce qu’ils s’aggravent. Il y a là une mesure quelque peu choquante envers les malades!

Et si dans les dernières réformes de l'assurance maladie on fait de l'accroissement de la « responsabilisation » des patients la pierre angulaire de la régulation des dépenses de santé on se demande alors aussi quel type de dépenses et quelle part de leur coût peuvent être réellement laissés à la charge de l’assuré, sans que cela entraîne un renoncement aux soins ....et toutes ces mesures pour quel résultat pratique ?

En effet, dans toutes les réformes de résorption du déficit, il convient d’observer que le Ministre de la Santé omet de signaler la dette de l’Etat envers la Sécurité Sociale (89% du déficit annoncé en 2006) et que la forme d’économie proposée est sans commune mesure avec le chiffre du déficit affirmé et  qu’elle s’identifie en pratique plutôt à une économie de « bouts de chandelle » !

Tous ces faits et ces actions illustrent ainsi une montée dans une spirale infernale : on se soigne comment et à quel prix ?

Les recherches entreprises furent longues et délicates avec quelquefois des questions restées sans réponse (cas du financement de la CMU de base).

 

J'ai tenté d'analyser l'environnement de notre Sécurité Sociale qui est née en 1945 et qui a considérablement évolué et j'ai observé que :

- la population française a subi depuis 1945 de profonds bouleversements politiques, sociaux et économiques ;

- les besoins et les attentes des assurés (à la Sécurité Sociale) ont changé de nature.

Et que l'on assiste à :

- une explosion des bénéficiaires des prestations de la Sécurité Sociale ;

- une explosion des services rendus par la Sécurité Sociale ;

- une explosion des prestations servies par la Sécurité Sociale au nom de l'Etat (qui représentent une part très importante des dettes de l'Etat souvent non réglées ou que partiellement réglées ou très tardivement réglées) ;

- une entrée dans la vie active plus tardive ;

- la substitution de la machine à l'homme (base historique des ressources de la Sécurité Sociale ) et transfert d'entreprises vers des pays aux charges sociales basses ce qui a engendré une baisse croissante des ressources pour la Sécurité Sociale et le chômage sur le territoire national ;

- la présence d'une population de plus en plus âgée donc plus coûteuse par l'allongement de la vie qui a engendré l'accroissement de la charge de l'assurance maladie et de la pension inhérentes à la vieillesse ;

- une médecine de pointe et des traitements de plus en plus coûteux.

 

A ces causes  pratiques il convient dajouter aussi des causes plus occultes représentées par :

- les faux malades, les faux chômeurs, les travailleurs clandestins , les simples resquilleurs, les escrocs organisés , le tourisme médical, les faux résidents , les diplomates salariés par leur gouvernement qui sont anormalement allocataires de l’aide médicale d’Etat (AME budgétée nulle part) ;

Ce sont autant de problèmes auxquels se heurte notre Sécurité Sociale et qui pourraient être la cause d'un déficit. Il convient dans ce cas de les résoudre rapidement sous peine de voir disparaître notre Sécurité Sociale au profit des organismes financiers privés qui voient dans ses activités de nouvelles sources de profit en considérant l'énormité du budget qu'elle gère.

 

A ces états de fait et en approfondissant son fonctionnement j'ai découvert que notre Sécurité sociale est une machine infernale avec :

- la couverture de 4 risques : la Maladie, les Accidents du travail et les Maladies professionnelles, la Vieillesse et la Famille et un 5e qui fait l'objet du demande pressante la Dépendance mais pas encore pris en charge ;

- une multiplicité d'organismes et de caisses ou chaque régime (33 régimes) dispose de son propre lot de caisses (Rapport de la Commission des Comptes Sécurité sociale comptes 2006 publié Septembre 2007 pages 466,467,468 et 469) ;

- un budget colossal (394,8milliards d'€ pour 2007) supérieur au budget de l'Etat (369,1 milliards d'€ en 2007), ce qui attire des convoitises (Monographie Contribuables associés « Combien ça coûte à vous et à moi la Sécurité Sociale » Nov 2007 Page 4) ;

- un fonctionnement totalement opaque dont les frais de gestion sont tout aussi opaques s’élèveraient entre ,5,3 et 10 milliards d’€ selon le mode de calcul (Cri du Contribuable n° 63 du 24Janvier 2009 page 9) et où l'on va d'exceptions en exonérations et de compensations en exonérations avec un budget aux multiples transferts entre lignes comptables, entre 10 groupes de régimes et 33 régimes(Rapport de la Commission des Comptes Sécurité Sociale 2006 publiés Sept 2007 pages 467,468,469) qui ne gèrent pas nécessairement les 4 risques,101 URSSAF,123 CAF , 128CPAM (Courrier de Contribuables Associés du 23 Juin 2008 avec pour objet : « le système social français agonise »pages 2 et 3)et de multiples dotations et des aberrations dans les règlements pour les mêmes actes selon le secteur concerné (secteur public avec des règlement s d'actes supérieurs pour le secteur privé :cas le plus flagrant nouveau né avec un écart entre public et privé tarif 2006 +143% : Monographie  Contribuables associés « Dépenses hospitalières pour une vraie convergence tarifaire public privé » Mars 2007 pages 12 et 13) Dans cette « jungle »il est impossible à un particulier d'entrer dans le labyrinthe illustrant la Sécurité Sociale car même la Cour des Comptes n'arrive pas à faire la totale lumière ;

- des données comptables qui , extraites d'un rapport de la commission des comptes de la Sécurité Sociale font apparaître des identifications curieuses : cotisations fictives des employeurs , contributions de l'Etat dont exonérations compensées, dont prises en charges de prestations, dont subventions d'équilibre, transferts reçus d'organismes tiers, total consolidé, compensation, intégration financière, majorations et pénalités, contributions publiques (Rapport de la Commission des Comptes Sécurité Sociale comptes 2006 publié Septembre 2007 pages 31 et 37). Avec de tels artifices nul ne peut s'y retrouver pas même ceux censés contrôler la Sécurité Sociale ;

- un budget déficitaire selon les uns et excédentaire selon les autres (divers articles dont Echo de l’Union UNRPA de juin juillet 2008 page 1 et Courrier de Contribuables Associés du 23 Juin 2008 avec pour objet : « le système social français agonise »page 2 et 3) au sein de laquelle des milliards d'€ circulent à tout instant dans tous les sens (sauf le WE) et sans pouvoir les suivre ;

- un système monstrueux dépourvu de moyens de contrôles effectifs et de systèmes de contrôles adaptés dans les croisements des éléments d'identification et de fichiers entre organismes, ce qui facilite les dérives , les gaspillages, les fraudes et les abus dont le montant estimé suivant certaines sources s'élève à près de 20 milliards chaque année soit de quoi combler 2 fois le « trou » de la Sécurité Sociale (Courrier de Contribuables Associés du 23 Juin 2008 avec pour objet : « le système social français agonise »pages 2 et 3) A ceci, il faut ajouté les camouflages dans l'annonce des résultats présentés par l'Etat .Ainsi, dans un discours le 27 Mai 2008, la Cour des Comptes, lors de la présentation du rapport, a refusé de valider les comptes 2007 de la Sécurité Sociale pour lesquels l'Etat a masqué 1 milliards d'€ dans le déficit ;

- des prestations ou aides versées par la Sécurité sociale qui ne correspondent pas toujours à l'esprit historique de 1945 et aux articles du Code de la Sécurité Sociale mais qui correspondent souvent à des prestations servies pour le compte de l'Etat et qui ne sont pas toujours compensées en tout ou en partie et plus ou moins tardivement par l’Etat. Il en est ainsi du Revenu Minimum d'Insertions (RMI bientôt remplacé par le RSA), de l'Allocation Adulte Handicapé (AAP), de l'Allocation de Parent Isolé (API) et des Aides au Logement et il est possible d'en ajouter bien d'autres aussi discutables quant au sens donné pour sa gestion pour le compte de l'Etat (Rapport de la Commission des comptes Sécurité Sociale 2006 publié en Sept 2007 pages 54 et 55 et Courrier de Contribuables Associés du 23 Juin 2008 avec pour objet : « le système social français agonise » pages 2 et 3 ) ;

- les retards ou les omissions des règlements compensatoires de l'Etat à la Sécurité Sociale (compensation aux exonérations des entreprises, compensation des diverses prestations d'actions sociales de l'Etat payées par la Sécurité Sociale.) ce qui contraint l'Agence Centrale des Organismes de la Sécurité Sociale à faire des emprunts avec un coût d'intérêt pour les emprunts -comme tout crédit- auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations lorsque les soldes sont négatifs afin de couvrir le montant des dépenses pour répondre aux besoins Ces intérêts d'emprunts accroissent d'autant le déficit de la Sécurité Sociale.

 

Les constats cités :

- démontrent les failles de l'organisation en place, la monstruosité du système et la nécessité d'une véritable réforme ou plus exactement une révolution dans « l'usine à gaz » actuelle ;

- mettent en doute les résultats présentés et affirmés par les pouvoirs publics ;

Afin d’établir des bilans nets et clairs avec des identifications qui évitent tout risque de confusion et permettent des croisements contrôlés des éléments d'identification, et des fichiers entre organismes internes, il semble urgent ;

- de simplifier l'organisation en unifiant les régimes, en assurant une véritable maîtrise des recettes et des dépenses, et en procédant à une révision complète des services ou prestations de sa véritable compétence et de ses moyens de financement (modification de l’assiette de cotisations) car si les ressources baissent alors que la liste des services et prestations s'allonge en agissant au nom de la Sécurité Sociale mais aussi pour le compte de l'Etat il y a inévitablement un déséquilibre ;

- de mettre en place un corps et des systèmes de contrôles adaptés qui puissent agir sur la nature des services et des actes, sur la régularité des règlements et dans les croisements de fichiers entre organismes internes à la Sécurité sociale ;

Beaucoup d'économistes affirment la mort prochaine de notre Sécurité Sociale basée sur le principe de la solidarité et de la répartition et prévoient l'arrivée de la formule de la capitalisation.

 

Qu'en est–il en fait ?

Si l'on ne retient effectivement que les ressources issues des cotisations salariales et patronales qui représentaient en leur temps la quasi totalité des ressources de la Sécurité Sociale (il n'en est plus ainsi maintenant et il ne peut plus en être ainsi) on peut en l'état actuel de la situation considérer qu'ils ont raison.

L'évolution de la société est telle que si l'on veut conserver l'esprit de du principe fondamental comme il a été conçu à la naissance de la Sécurité Sociale, il convient de revoir rapidement le contenu de ses ressources, des services qu'elle rend et des prestations qu'elle accorde. Il convient de revoir les divers moyens ou produits qui peuvent être imposés et depuis lesquels peuvent être extraites les ressources de la Sécurité Sociale en appliquant toujours le principe du système basé sur la solidarité et la répartition.

En dehors des cotisations salariales et patronales de plus en plus réduites de nombreuses mesures ont déjà été prises à cet effet dans le cadre de la loi annuelle de financement, qui établit le budget prévisionnel de l'année qui suit et appliquée depuis la loi constitutionnelle du 22 février 1996, pour répondre déjà à cette attente dans les diverses sources nommées contributions publiques , impôts et taxes affectées, transferts entre régimes, revenus de capitaux et ressources diverses, mais elles ne parviennent pas toujours à respecter l'équilibre et en outre leur complexité facilite les dérives et le gaspillage.

La politique de santé des différents gouvernements est parfois difficile à suivre en raison des zigzags couramment pratiqués par les gouvernements dans les opérations de « colmatage » des déficits qu'ils affirment.

Des études ont déjà été, conduites (livre blanc Sécurité Sociale sous la Présidence de M.F.MITTERAND) mais elles n'ont jamais engendré la réforme complète de la Sécurité Sociale. Elles n'ont abouti qu'à des « replâtrages » réalisés souvent dans l'urgence pour combler les déficits répétés mais jamais à une véritable réforme de fond.

Dans la situation présente où il est devenu impossible de maîtriser la gestion démentielle de la Sécurité Sociale, qui présentent des bilans contestables et contestés , la solution qui pourrait être retenue consisterait à raser totalement le système et de tout reconstruire, mais qui en aura le courage sauf si les français prennent enfin conscience des lacunes ,des aberrations, des gaspillages et de la complexité du système et que l'on organise un vrai « grenelle » ou de « véritables états généraux » sur la réforme de la Sécurité Sociale pour organiser une nouvelle Sécurité Sociale…mais y parviendra -t-on ?

Claude PELLETIER.

Mises à jour au 27 février 2009 à partir des informations recueillies sur Documents de 2005,2006, 2007 2008 et 2009.

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